Charles Baudelaire (9 avril 1821 – 31 août 1867), « Dante d’une époque déchue » selon les termes de Barbey d’Aurevilly, occupe une place prestigieuse parmi les poètes français, signant un chef-d’œuvre qu’il aura bâtie une vie durant et qui n’aura de cesse d’inspirer les générations futures : Les Fleurs du mal. Ce chantre de la modernité était aussi un visionnaire qui avait la capacité de reconnaître les génies de son époque : après Delacroix et Edgar Poe, Baudelaire s’incline et consacre Victor Hugo. Cette lettre demeure aujourd’hui comme le témoignage d’une admiration sans faille d’un jeune poète face à un monstre de la littérature.
7 décembre 1859
Monsieur,
Voici des vers faits pour vous et en pensant à vous. Il ne faut pas les juger avec vos yeux trop sévères, mais avec vos yeux paternels. Les imperfections seront retouchées plus tard. Ce qui était important pour moi, c’était de dire vite tout ce qu’un accident, une image, peut contenir de suggestions, et comment la vue d’un animal souffrant pousse l’esprit vers tous les êtres que nous aimons, qui sont absents et qui souffrent, vers tous ceux qui sont privés de quelque chose d’irretrouvable.
Veuillez agréer mon petit symbole comme un très faible témoignage de la sympathie et de l’admiration que m’inspire votre génie.
CHARLES BAUDELAIRE […]
----------------------------------------
Vous êtes résistant comme le marbre et pénétrant comme un brouillard d'Angleterre.
Tous deux nés la même année, Gustave Flaubert (12 décembre 1821-8 mai 1880) et Charles Baudelaire (9 avril 1821-31 août 1867), deux géants de la littérature, ont vu leur chemin se croiser à plusieurs reprises. En 1857, ils sont tous deux victimes de la justice, le premier pour Madame Bovary, le deuxième pour Les Fleurs du mal, étant accusés d’immoralité. Dans ce contexte très mouvementé, Flaubert prend la plume après la lecture du recueil du poète du siècle, pour lui exprimer tout son bouleversement.
13 juillet [1857]
MON CHER AMI,
J’ai d’abord dévoré votre volume d’un bout à l’autre, comme une cuisinière fait d’un feuilleton, et maintenant, depuis huit jours, je le relis, vers à vers, mot à mot et, franchement, cela me plaît et m’enchante.
Vous avez trouvé le moyen de rajeunir le romantisme. Vous ne ressemblez à personne (ce qui est la première de toutes les qualités).
L’originalité du style découle de la conception. La phrase est toute bourrée par l’idée, à en craquer.
J’aime votre âpreté, avec ses délicatesses de langage, qui la font valoir comme des damasquinures sur une lame fine.
Voici les pièces qui m’ont le plus frappé : le sonnet XVIII : La Beauté ; c’est pour moi une œuvre de la plus haute valeur ; – et puis les pièces suivantes : L’idéal, La Géante (que je connaissais déjà), la pièce XXV :
Avec ses vêtements ondoyants et nacrés.
Une charogne, le Chat (p 79), Le beau navire, À une dame créole, Le Spleen (p 140), qui m’a navré, tant c’est juste de couleur ! Ah ! vous comprenez l’embêtement de l’existence, vous ! Vous pouvez vous vanter de cela, sans orgueil. Je m’arrête dans mon énumération, car j’aurais l’air de copier la table de votre volume. Il faut que je vous dise pourtant que je raffole de la pièce LXXV, Tristesses de la lune : …
Qui d’une main distraite et légère caresse
Avant de s’endormir, le contour de ses seins…
et j’admire profondément le Voyage à Cythère, etc. , etc.
Quant aux critiques, je ne vous en fais aucune, parce que je ne suis pas sûr de les penser moi-même, dans un quart d’heure. J’ai, en un mot, peur de dire des inepties, dont j’aurais un remords immédiat. Quand je vous reverrai cet hiver, à Paris, je vous poserai seulement, sous forme dubitative et modeste, quelques questions.
En résumé, ce qui me plaît avant tout dans votre livre, c’est que l’Art y prédomine. Et puis vous chantez la chair sans l’aimer, d’une façon triste et détachée qui m’est sympathique. Vous êtes résistant comme le marbre et pénétrant comme un brouillard d’Angleterre.
Encore une fois, mille remerciements du cadeau ; je vous serre la main très fort.
À vous.
( Gustave Flaubert, Correspondance : Nouvelle édition augmentée, Arvensa Editions )
EN RESPECT POUR CES DEUX HOMMES ÉPRIS DE LEUR MAMAN COMME MERMOZ ET ELVIS:
Social Security is Important to Mothers
Posted on May 11, 2017 by Jim Borland, Acting Deputy Commissioner for Communications
Moms are a fundamental component of our society. The roles they play in our lives,
as doctor, nurturer, teacher, taxi driver, cook, housekeeper, cheerleader,
and more, are essential. At Social Security we see just how much mothers
do every day. We understand their commitment. And we want to make sure
that when the time comes, your mom is ready to retire and can enjoy the fruits
of her labor. We’re with you throughout life’s journey with benefits, tools,
and information to help your mom secure today and tomorrow.
For four important facts you might not know about why Social Security
is important to mothers, check out our infographic:
http://blog.socialsecurity.gov/social-security-is-important-to-mothers/
INITIATIVE DE
Y'BECCA
7 décembre 1859
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Voici des vers faits pour vous et en pensant à vous. Il ne faut pas les juger avec vos yeux trop sévères, mais avec vos yeux paternels. Les imperfections seront retouchées plus tard. Ce qui était important pour moi, c’était de dire vite tout ce qu’un accident, une image, peut contenir de suggestions, et comment la vue d’un animal souffrant pousse l’esprit vers tous les êtres que nous aimons, qui sont absents et qui souffrent, vers tous ceux qui sont privés de quelque chose d’irretrouvable.
Veuillez agréer mon petit symbole comme un très faible témoignage de la sympathie et de l’admiration que m’inspire votre génie.
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Vous êtes résistant comme le marbre et pénétrant comme un brouillard d'Angleterre.
Tous deux nés la même année, Gustave Flaubert (12 décembre 1821-8 mai 1880) et Charles Baudelaire (9 avril 1821-31 août 1867), deux géants de la littérature, ont vu leur chemin se croiser à plusieurs reprises. En 1857, ils sont tous deux victimes de la justice, le premier pour Madame Bovary, le deuxième pour Les Fleurs du mal, étant accusés d’immoralité. Dans ce contexte très mouvementé, Flaubert prend la plume après la lecture du recueil du poète du siècle, pour lui exprimer tout son bouleversement.
13 juillet [1857]
MON CHER AMI,
J’ai d’abord dévoré votre volume d’un bout à l’autre, comme une cuisinière fait d’un feuilleton, et maintenant, depuis huit jours, je le relis, vers à vers, mot à mot et, franchement, cela me plaît et m’enchante.
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En résumé, ce qui me plaît avant tout dans votre livre, c’est que l’Art y prédomine. Et puis vous chantez la chair sans l’aimer, d’une façon triste et détachée qui m’est sympathique. Vous êtes résistant comme le marbre et pénétrant comme un brouillard d’Angleterre.
Encore une fois, mille remerciements du cadeau ; je vous serre la main très fort.
À vous.
( Gustave Flaubert, Correspondance : Nouvelle édition augmentée, Arvensa Editions )
EN RESPECT POUR CES DEUX HOMMES ÉPRIS DE LEUR MAMAN COMME MERMOZ ET ELVIS:
Social Security is Important to Mothers
Posted on May 11, 2017 by Jim Borland, Acting Deputy Commissioner for Communications
Moms are a fundamental component of our society. The roles they play in our lives,
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and more, are essential. At Social Security we see just how much mothers
do every day. We understand their commitment. And we want to make sure
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Y'BECCA