Conférence du Théâtre Garonne de Toulouse avec des allusions sur l'empire comanche et son dictons: Herbes, Chevaux et Bisons, les parfums de angres gris, un gout qui vient de chine... Le dimanche 21 mai 2017
la découverte du cheval par l’Amérique: SES MODIFICATIONS ET SES MALHEURS
Les expéditions espagnoles, ou explorations espagnoles, sont un ensemble d'expéditions menées par des explorateur espagnols ou parrainées par l'Espagne (en incluant sous ce terme les différents royaumes qui ont formé la monarchie hispanique et les configurations territoriales et juridiques successives de l'État, jusqu'à l'actuel royaume d'Espagne) à des fins scientifiques (géographiques, botaniques, etc.), religieuses (prosélytisme, évangélisation, missionnaires, etc.) ou stratégiques (militaire, politique, économique, etc.).
Les expéditions les plus importantes sont celles qui ont eu lieu à l'époque des Grandes découvertes (XVe et XVIe siècles), liées à l'expansion de l'Empire espagnol. À cette époque Christophe Colomb traverse l'Atlantique et découvre l'Amérique (1492), Vasco Nunez de Balboa traverse l'isthme de Panama et découvre l'océan Pacifique (1513), Ferdinand Magellan est le premier à traverser le Pacifique et découvre Guam et les Philippines (1521). L'expédition de Magellan est achevée par Juan Sebastian Elcano, et devient le premier tour du monde de l'histoire (1519-1522).
Moyen Âge
al-Garnatí et Ibn Jubair (XIIe siècle, initiateurs du genre du rihla, récits de voyage cosmographiques).
Benjamin de Tudèle (XIIe siècle, juif).
Ruy Gonzáles de Clavijo (XIVe siècle, ambassadeur castillan à la cour de Tamerlan)
Pero Niño, (fin du XIVe siècle et première moitié du XVe siècle, navigateur castillan)
XVe siècle
Voyages de Colomb.
Voyages de Christophe Colomb (Christophe Colomb, découverte de l'Amérique)
Alonso de Ojeda
Vicente Yáñez Pinzón et Martín Alonso Pinzón
Diego de Lepe
Pedro Alonso Niño
Amerigo Vespucci
XVIe siècle
Expéditions américaines :
Conquête de l'Amérique
Colonisation espagnole des Amériques
Expédition scientifique en Nouvelle-Espagne de Francisco Hernández de Tolède (1571 et 1577)
Première circumnavigation autour du monde (expédition de Magellan-Elcano)
Expéditions dans le Pacifique et aux Philippines :
Expédition de Magellan-Elcano,
Expédition de García Jofre de Loaísa (1525-1526),
Expédition d'Álvaro de Saavedra Cerón (1527-1528),
Expédition de Grijalva dans le Pacifique équatorial (1537),
Ruy López de Villalobos (1542-1543),
Expédition de Juan Jufré et Juan Fernández en Polynésie (1576-1577 ? ou 1578 ?),
Expéditions espagnoles d'Álvaro de Mendaña aux îles Salomon,
Première expédition espagnole aux îles Salomon (1567-1569),
Seconde expédition espagnole aux îles Salomon (1595-1596),
Expédition de Miguel López de Legazpi (1564),
Tornaviaje d'Andrés de Urdaneta et Alonso de Arellano (1565).
Passage du Nord-Ouest :
Juan de Fuca explore la côte nord-américaine du Pacifique (1592) à la recherche du passage du Nord-Ouest.
XVIIe siècle
Expédition au Vanuatu et en Australie de Pedro Fernández de Quirós et Luis Váez de Torres en 1606,
Bartolomé de Fonte dit avoir navigué entre la baie d'Hudson et le Pacifique en 16401,
Pedro Ordóñez de Cevallos, jésuite en Cochinchine2,
Juan Carrasco, jésuite en Cochinchine.
XVIIIe siècle
Mission géodésique au Pérou (1734), Expédition franco-espagnole de La Condamine, Jorge Juan et Antonio de Ulloa, pour la mesure du méridien terrestre.
Dernier quart du siècle :
Pacifique Nord-Ouest (Canada et Alaska) : dix campagnes entre 1774 et 1792, dirigées par Juan José Pérez, Dionisio Alcalá Galiano, Cayetano Valdés, Juan Francisco de la Bodega.
Pacifique Sud :
Expéditions espagnoles à Tahiti et en Polynésie, de Domingo de Boenechea et José de Andía y Varela (1772-1775)
Expédition de González de Haedo à l'Île de Pâques (1770-1771)
Expéditions des limites hispano-portugaises, qui ont exploité le potentiel scientifique de la délimitation des possessions espagnoles et portugaises en Amérique du Sud, qui fut l'objet de diverses interprétations scientifiques et diplomatiques :
Jose de Iturriaga, Francisco Fernández de Bobadilla, Apolinar Díaz de la Fuente et Pehr Löfling au bassin de l'Orénoque (ce dernier avec les médecins et botanistes catalans Benito Paltor et Antonio Condal et les dessinateurs Bruno Salvador Carmona et Juan de Dios Castel).
Félix de Azara à la Colonia del Sacramento (Apuntamientos para la historia natural de los cuadrúpedos del Paraguay y río de la Plata, 1802 et Voyages dans l'Amérique méridionale, 1809).
Expédition botanique royale aux royaumes du Pérou et du Chili ou Expédition botanique à la vice-royauté du Pérou (1777-1786, d'Hipólito Ruiz et José Antonio Pavón Quinología o tratado del árbol de la quina ou cascarilla, 1792, Florae Peruvianae, et Chilensis prodomus, 1794, Disertaciones sobre la raíz de la ratánhia, de la calaguala y de la china y acerca de la yerba llamada canchalagua, 1796, Flora peruviana et chilensis, 1798-1802, Systema vegetabilium florae peruvianae et chilensis, 1798. Juan José Tafalla Navascués, [1] [archive], commissaire de cette expédition, a également fait un voyage expéditionnaire en Équateur, 1799-1808. Le matériel resta inédit et fut récupéré par un chercheur équatorien Eduardo Estrella Aguirre en 19893.
Expédition botanique royale à la Nouvelle Grenade (1782-1808, José Celestino Mutis (Instrucción relativa a las especies y virtudes de la quina, 1792, El arcano de la quina, 1828, Flora de Nueva Granada -seulement des feuilles-);
Expédition botanique royale à la Nouvelle Espagne (1787-1803, Martín Sessé et José Mariano Mociño Flora Mexicana et Plantae Novae Hispaniae -inédites-).
Expédition au Chili et au Pérou des frères Heuland (Conrado Heuland et Cristián Heuland), envoyés par José Clavijo y Fajardo, directeur du cabinet royal d'Histoire naturelle4.
Expédition à Cuba de Joaquín de Santa Cruz, comte de Mopox, et Baltasár Boldó (rapport présenté en 1802).
L'expédition d'Alejandro Malaspina (1789-1794, José Bustamante, du cartographe Felipe Bauzá, des naturalistes Tadeo Haenke, Luis Née et Antonio Pineda, des peintres José Guío, José del Pozo, Fernando Brambila, Juan Ravenet et Tomás de Suria) dont les problèmes politiques avec Godoy provoquèrent la saisie et l'oubli de leurs matériaux collectés, qui n'aboutirent à aucun résultat concret en Espagne ; triste sort qui, pour une circonstance ou une autre, fut partagé par la plupart des trouvailles de ces expéditions, ce qui dénote la faible réceptivité de la société et du système productif espagnol à l'égard des innovations et des découvertes, fait beaucoup plus décisif que la volonté mouvante des gouvernements éclairés qui les impulsaient ou l'enthousiasme des scientifiques qui les dirigeaient.
Au moins une de ces expéditions a eu un succès incontestable : l'expédition Balmis (Expédition royale philanthropique de la vaccination, 1803-1814), directeur Francisco Javier Balmis, sous-directeur José Salvany y Lleopart.
Autres, plutôt d'espionnage que scientifiques, furent les voyages africains de Domingo Badía, travesti en Alí Bey (Plan de Viaje al África, 1801, Voyages d'Ali-Bey en Afrique et en Asie pendant les années 1803-1807, 1814, version castillane de 1836).
XIXe siècle
Commission scientifique du Pacifique (Marcos Jiménez de la Espada, 1862-1865);
Expédition (essentiellement militaire) en Guinée équatoriale de Juan José Lerena y Barry (1843);
Expédition scientifique du commandant Julio Cervera, du géologue Francisco Quiroga et de l'interprète Felipe Rizzo au Sahara occidental en 18865 ;
Expédition de Francisco Noroña dans l'océan Indien et aux îles Philippines ;
Expéditions de Manuel Iradier (1868 et 1877)6 ;
Autres périples individuels ou collectifs à des fins plus ou moins scientifiques ou aventurières, comme celui de Francisco de Paula Marín —introducteur de l'ananas à Hawaï—, José María de Murga, le Moro Vizcaíno, Joaquín Gatell y Foch, Caid Ismail — Maroc et Sahara —, Víctor Abarques de Sostén — mer Rouge et Abyssinie —, Cristóbal Benítez — Tombouctou et Sénégal, 18807 — et Bonelli, Álvarez Pérez, Bens y Capaz — Río de Oro et Ifni8—.
Première moitié du XXe siècle
Explorations scientifiques en Afrique occidentale (1886-1915).
Commission permanente pour l'exploration et l'étude du Nord-Ouest de l'Afrique (1901-1915).
Voyage au golfe de Naples (1905).
Études et envois de matériels zoologiques de Guinée (1924-26).
Excursion du Sr. Lozano au Río de Oro [sic], (1933).
Projet d'expédition transafricaine (1933-1936)
Commission scientifique d'Ifni. 1834-1935 [sic, devrait être 1934-1935].
Expédition du capitán Iglesias en Amazonas (1936).
Trabajos préparatoires de l'expédition en Guinée et à Ifni (1939-1940).
Expédition aux Philippines (sans date).
Fin du XXe siècle et XXIe siècle
Absente des deux premiers appels de l'Année polaire internationale (API) (1882 et 1932) et avec une participation modeste à l'Année géophysique internationale de 1957-1958, l' Espagne a pris part pour la première fois à l'Année polaire internationale 2008 -2009, sur la base de vingt ans d'expérience des navires de recherche océanographique Las Palmas (A-52) et Hespérides (A-33) et des bases antarctiques de l'Espagne (base antarctique Juan Carlos Primero dans l'île Livingston, 1988 ; base antarctique Gabriel de Castilla, île de la Déception, 1989) et après avoir adhéré au traité sur l'Antarctique en 19829.
Voir aussi
Articles connexes
Histoire de l'Espagne
Notes et références
(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Expediciones españolas » (voir la liste des auteurs).
↑ (es) María Pilar de San Pío, Expediciones españolas del siglo XVIII: el paso del noroeste, t. 12, Editorial MAPFRE, coll. « Colección Mar y América », 1992, 314 p..
↑ (es) Luis Conde-Salazar Infiesta, Manuel Lucena Giraldo, Atlas de los exploradores españoles : Viaje y Aventura, Barcelone, GeoPlaneta, 2009, 320 p. (ISBN 9788408086833).
↑ (es) Eduardo Estrella, Iván Cruz Cevallos, Flora huayaquilensis: La Expedición Botánica de Juan Tafalla a la Real Audiencia de Quito 1799-1808, t. 2, Ediciones Abya-Yala, 1991, 103 p..
↑ Miguel Ángel Puig-Samper, op. cit. p. 42.
↑ (es) José Antonio Rodríguez Esteban, Conmemoración de la expedición científica de Cervera-Quiroga-Rizzo al Sáhara occidental en 1886, Madrid, Madrid : Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 2008 (ISBN 978-84-00-08675-6)
recension dans Boletín de Historia de la Geología de España, nº 32, novembre 2008 [archive] (Sociedad Geológica de España)
.
↑ Celle-ci et les précédentes sont listées dans : J. Luis Maldonado Polo Las expediciones científicas españolas en los siglos xix y xx en el archivo del museo nacional de ciencias naturales [archive], in Asclepio, vol. LIII, février 2001.
↑ (es) Jorge Pina, Tras los pasos de Benítez en Tombuctú, coll. « La aventura de la historia », septembre 2009, p. 82.
↑ (es) Victoriano Darias de Las Heras, « El africanismo español y la labor comunicadora del Instituto de Estudios Africanos » [archive], 2002 (consulté le 12 mai 2015).
↑ (es) « España participa por primera vez en el Año Polar Internacional », El Mundo.es - Ciencia y Ecología, 8 janvier 2007 (lire en ligne [archive]).
Au cours du XVIe siècle et au début du XVIIe, les navigateurs espagnols ont été très actifs dans l'océan Pacifique. En 1545, Íñigo Ortiz de Retes atteint la Nouvelle-Guinée et lui donne ce nom en raison de la ressemblance des indigènes avec ceux de la Guinée en Afrique. Plusieurs expéditions atteignent les îles Mariannes, les Carolines et les Palaos, qui sont rattachées à la Capitainerie générale des Philippines. En 1565 Miguel López de Legazpi fonde le premier établissement espagnol dans le Pacifique, à Cebu (Philippines) et le navigateur Andres de Urdaneta découvre le « tornaviaje », l'itinéraire de retour de l'Asie vers l'Amérique. Cet itinéraire permit d'établir une route transpacifique, connue sous le nom de Galion de Manille, qui a fonctionné pendant deux siècles et demi, de 1565 à 1815, reliant les ports d'Acapulco et de Manille.
En 1568, le navigateur, Alvaro de Mendaña, découvre les îles Tuvalu et les îles Salomon, et lors d'une deuxième expédition en 1595 il découvre les îles Marquises. En 1606, l'expédition espagnole de Quiros découvre les îles Pitcairn, les Nouvelles-Hébrides (l'actuel Vanuatu) et visite les îles Salomon. Quiros a débarqué sur l'île principale des Nouvelles-Hébrides qu'il baptise l'« Austrialie du Saint-Esprit », pensant qu'il avait atteint la Terra Australis, le continent australien.
Au cours du XVIIIe siècle, il se produit une adaptation aux idéaux de l'Illustration, qui fait que la finalité scientifique gagne en importance, sans toutefois que soient abandonnées les vues stratégiques et militaires. La plus importante expédition espagnole de l'époque fut l'expédition Malaspina qui a duré cinq ans, de 1789 à 1794. C'était un voyage d'exploration politico-scientifique qui fit le tour du monde dans le but de visiter les territoires espagnols d'Amérique et d'Asie, ainsi que de nombreux autres territoires, en recueillant des informations anthropologiques, géographiques, biologiques (flore et faune), mais également politiques. À la fin du XVIIIe siècle, sont organisées également plusieurs expéditions dans le Pacifique, dont les expéditions à Tahiti dans le Pacifique Sud et de multiples expéditions au Canada et en Alaska.
L'émancipation de la plupart des possessions américaines au début de XIXe siècle s'est traduite par une modification des objectifs des explorations, et surtout par une diminution de leur importance, juste au moment où les expéditions coloniales de l'impérialisme européen étaient dans leur phase la plus décisive (partage de l'Afrique). Dans la première moitié du XXe siècle, après la guerre hispano-américaine, eut lieu une réorientation de la politique expéditionnaire, qui s'est concentrée sur l'Afrique occidentale. Après la décolonisation du Maroc (1956), de la Guinée équatoriale (1968) et, enfin, du Sahara occidental (1975), les expéditions espagnoles sont réorientées vers la connaissance scientifique de l'Antarctique.
théâtre GARONNE DE TOULOUSE
UN GRAND DÉTAIL DE L'HISTOIRE HUMAINE ET DE SON ÉVOLUTION DE NAVIGATION...
MESDAMES ET MESSIEURS?, LES BRITANNIQUES !
La tentative de colonisation espagnole de l'Alaska commence en 1774 par le voyage de Juan José Pérez Hernández et s'achève en 1793. Les revendications espagnoles sur l'Alaska et la côte ouest de l'Amérique du Nord datent de la bulle pontificale de 1493, et du traité de Tordesillas. En 1513, cette demande est renforcée par l'explorateur espagnol Vasco Núñez de Balboa, premier Européen à apercevoir l'océan Pacifique, où il revendique toutes les terres jouxtant cet océan au nom de la couronne espagnole. L'Espagne ne commence à coloniser le territoire revendiqué, au nord de l'actuel Mexique, qu'au XVIIIe siècle, quand elle envoie ses premiers ressortissants peupler la côte nord de Las Californias (Californie).
Dès le milieu du XVIIIe siècle, la revendication espagnole commence à être remise en question par les Britanniques et les Russes pratiquant la traite des fourrures. Le roi Charles III d'Espagne et ses successeurs envoient un certain nombre d'expéditions vers le Canada d'aujourd'hui et l'Alaska entre 1774 et 1793, pour contrer la menace des colons russes et britanniques et renforcer la revendication espagnole.
Voyage de Pérez en 1774
Le premier voyage est effectué par Juan José Pérez Hernández sur la frégate Santiago (alias Nueva Galicia1,2). Bien qu'ayant l'intention d'atteindre l'Alaska, l'expédition fait demi-tour à Haida Gwaii. Pérez et son équipage de 86 hommes sont les premiers Européens à visiter le Nord-Ouest Pacifique.
Voyage de Heceta et Bodega y Quadra en 1775
Portrait de Bodega y Quadra (vers 1785), collection du Museo Naval de Madrid.
Un second voyage emmène quatre-vingt dix hommes commandés par le lieutenant Bruno de Heceta à bord du Santiago, depuis San Blas, le 16 mars 1775, avec l'ordre de faire des revendications espagnoles claires sur toute la côte nord-ouest du Pacifique. La goélette Sonora, alias Felicidad, commandée initialement par Juan Manuel de Ayala, accompagne Heceta1,2. Le Sonora, avec ses 36 pieds (11 m) de long3, et ses 16 membres d'équipage sont là pour effectuer les reconnaissances du littoral et la cartographie, et toucher terre aux endroits où le Santiago n'a pas pu approcher lors de son précédent voyage. De cette façon, l'expédition peut officiellement réaffirmer les revendications espagnoles sur les terres au nord de la Nouvelle-Espagne qu'il va visiter. Ayala reprend le commandement du « paquebote » San Carlos, alias Toysón de Oro1, qui participe aussi à l’expédition, après que son commandant, Miguel Manrique, soit tombé malade. Heceta donne à Bogeda y Quadra le commandement du Sonora. Francisco Antonio Mourelle sert de pilote à Bodega y Quadra et tous deux se lient alors d'amitié.
Les trois navires naviguent de concert jusqu'à la baie de Monterey en Haute-Californie. La mission d'Ayala est d'explorer le détroit du Golden Gate alors que Heceta et Bodega y Quadra continuent plus au nord. Ayala et l'équipage du San Carlos deviennent ainsi les premiers Européens connus à entrer dans la baie de San Francisco. Le Santiago et le Sonora font voile ensemble jusqu'à « Punta de los Martires » (aujourd'hui pointe Grenville) ainsi nommé par Heceta qui y a subi une attaque des Indiens Quinault4. Les vaisseaux se séparent dans la soirée du 29 juillet 1775. Le scorbut a tellement affaibli l'équipage du Santiago que Heceta décide de retourner à San Blas. Sur la route du sud, il découvre l'embouchure du fleuve Columbia (nommée Entrada de Hezeta sur les cartes espagnoles) entre les actuels États de l'Oregon et de Washington5. Juan Pérez, le pilote de Heceta, meurt au cours de cette partie sud du voyage.
Bodega y Quadra, sur le Sonora, remonte la côte selon les ordres reçus, pour atteindre finalement la latitude de 58° nord et l'Île Nootka, le 15 août, près de l'actuelle ville de Sitka, en Alaska. Pendant son voyage de retour vers le sud Bodega y Quadra découvre et explore une partie de la baie de Bucareli (sur la côte ouest de l'actuelle Île du Prince-de-Galles) qu'il nomme « Puerto y Entrada de Bucareli », en l'honneur d'Antonio María de Bucareli y Ursúa, alors vice-roi de Nouvelle-Espagne6.
Pendant le voyage de Bodega y Quadra de nombreux « actes de souveraineté » sont effectués, par exemple grâce à des noms de lieux comme Puerto y Entrada de Bucareli, Puerto de los Remedios ou encore Montaña de San Jacinto, rebaptisé mont Edgecumbe par l'explorateur britannique James Cook trois ans plus tard7,8.
Voyage d'Arteaga et Bodega y Quadra en 1779
Régions d'Alaska et de Colombie Britannique explorées par l'Espagne.
Un troisième voyage est lancé en 1779. Ignacio de Arteaga commande l'expédition et l'une des deux corvettes armées, le Favorita, l'autre, le Princesa est aux ordres de Bodega y Quadra. Sur le Favorita, il y a, outre l'équipage, l'officier en second Fernando Quiros y Miranda, le chirurgien Juan Garcia, le pilote Jose Camacho et le pilote en second Juan Pantoja second y Arriaga et sur le Princesa, l'officier en second Francisco Antonio Mourelle, le chirurgien Mariano Nunez Esquivel, le pilote Jose Canizares et pilote en second Juan Bautista Aguirre9. L'objectif de l'expédition est d'évaluer la pénétration russe en l'Alaska, la recherche d'un passage du Nord-Ouest et la capture de James Cook, s'ils le trouvent dans les eaux espagnoles. L'Espagne a appris vers 1778, que Cook explore la côte du nord-ouest Pacifique. En juin 1779, lors de l'expédition d'Arteaga et Bodega y Quadra, l'Espagne participe à la guerre d'indépendance des États-Unis comme alliée de la France, précipitant parallèlement une guerre anglo-espagnole, qui perdure jusqu'au Traité de Paris en 1783.
Au cours de leur voyage Arteaga et Bodega y Quadra cartographient scrupuleusement la baie de Bucareli, puis se dirigent au nord vers port Etches (en) sur l'île Hinchinbrook. Ils entrent en baie du Prince-William et atteignent la latitude de 61° nord, le point le plus septentrional des explorations espagnoles en l'Alaska. Ils explorent également le golfe de Cook et la péninsule Kenai, où une cérémonie de prise de possession est effectuée le 2 août, dans ce qui est aujourd'hui Port Chatham. À cause de l'état de santé de l'équipage d'Arteaga l'expédition retourne en Californie sans avoir trouvé les Russes, ni Cook, qui a été tué à Hawaii en février 17799.
Tout au long du voyage, l'équipage des deux navires a enduré de nombreuses épreuves, comme des pénuries alimentaires et le scorbut. Le 8 septembre, les navires se rejoignent et se dirigent vers le sud pour retourner à San Blas. Bien que les Espagnols soient discrets sur leurs explorations et leurs découvertes, le voyage de 1779 d'Arteaga et de Bodega y Quadra fait exception à la règle. La Perouse obtient une copie de leur carte, qui est publiée en 1798. Le journal de Mourelle est acheté et publié à Londres, la même année, par Daines Barrington.
Après ces trois voyages en Alaska, en cinq années, aucune autre expédition espagnole n'est lancée vers le Pacifique nord-ouest jusqu'en 1788, après le traité de Paris qui met fin à la guerre entre l'Espagne et la Grande-Bretagne. Pendant les hostilités, l'Espagne a consacré le port de San Blas au soutien de l'effort de guerre aux Philippines9.
Voyage de Martínez et Haro en 1788
Portrait d'Esteban José Martínez Fernández y Martínez de la Sierra, Armada espagnole, vers 1785.
En mars 1788, deux navires sont envoyés au nord de San Blas pour enquêter sur l'activité russe dans la région. Esteban José Martínez, sur le Princesa, est à la tête de l'expédition, accompagné par le San Carlos sous le commandement de Gonzalo López de Haro et José María Narváez comme pilote. Les navires arrivent à la baie du Prince William en mai. Après la découverte de traces de la traite des fourrures par les Russes, les navires naviguent à l'ouest. En juin Haro atteint l'île Kodiak et apprend par les indigènes qu'un poste russe se trouve à proximité10.
Le 30 juin 1788, Haro envoie Narváez à bord d'une chaloupe pour chercher le poste russe dans la baie de Three Saints. Celui-ci le découvre, devenant ainsi le premier Espagnol à prendre contact avec un important contingent de Russes en Alaska. Narváez emmène le commandant russe, Evstratii Ivanovitch Delarov (en), rencontrer Haro sur le San Carlos, puis le raccompagne au poste russe. Delarov donne à Narváez une carte russe de la côte de l'Alaska et indique les emplacements des sept postes russes, comptant près de 500 hommes. Delarov dit également à Narváez que les Russes ont l'intention d'occuper la baie de Nootka, sur la côte ouest de l'île de Vancouver11.
Après cette rencontre Haro navigue à l'est et rejoint Martínez à l'île Sitkinak. En utilisant les informations de Delarov, l'expédition part vers l'île d'Unalaska, où se trouve un important poste russe, sous le commandement de Potap Kuzmich Zaikov. Martínez arrive le 29 juillet et Haro, le 4 août. Zaikov donne à Martínez trois cartes couvrant les îles Aléoutiennes. Il confirme également que les Russes prévoient de prendre possession de la baie Nootka l'année suivante10. Zaikov explique que deux frégates russes sont déjà en route et qu'une troisième s'y trouve déjà. Il fait allusion à l'expédition de Joseph Billings, en 1789, mais en exagérant grandement sa mission12,13. Cette visite à Unalaska marque le point le plus occidental atteint par les expéditions espagnoles d'exploration en Alaska.
L'expédition espagnole quitte Unalaska, le 18 août 1788, pour le sud de la Californie et le Mexique. En raison d'un désaccord entre Martínez et Haro, les navires rompent le contact au bout de trois jours et naviguent séparément vers le sud. Martínez l'a autorisé, mais a ordonné à Haro de rejoindre Monterey. Cependant, au cours du voyage, Haro, avec le soutien de Narváez et des autres pilotes, déclare que son bateau n'est plus sous le commandement de Martínez. Ils naviguent seuls directement vers San Blas et y arrive le 22 octobre 1788. Martínez passe un mois à Monterey à attendre Haro. Il arrive à son tour à San Blas, en décembre et doit faire face à des accusations d'incompétence. Il regagne cependant rapidement les faveurs de ses supérieurs et est placé à la tête d'une nouvelle expédition destinée à occuper la baie de Nootka avant les Russes10.
Colonisation de la baie de Nootka en 1789
Saisie de l’Argonaut et arrestation de son capitaine, James Colnett (en), par Martínez le 2 juillet 1789 (début de la crise de Nootka).
Martínez et Haro reçoivent l'ordre de prendre possession de la baie de Nootka avant que les Russes ou les Britanniques ne le fassent. Pendant l'été 1789, Martínez envoie José María Narváez explorer le détroit de Juan de Fuca, sur le Santa Gertrudis la Magna (anciennement le Northwest America, un navire britannique capturé plus tôt par Martínez dans la baie de Nootka). Narváez découvre que le détroit est en fait un immense bras de mer riche de promesses pour une future exploration. La capture des navires britanniques aboutit à une crise entre Britanniques et Espagnols. Le vice-roi de Nouvelle-Espagne, Manuel Antonio Flores, ordonne à Martínez d'évacuer la Baie de Nootka à la fin de l'année 1789. Cependant, le successeur de Flores, Juan Vicente de Güemes Padilla Horcasitas y Aguayo, arrivé en octobre 1789, est bien décidé à ne pas céder aux Britanniques et ordonne une nouvelle expédition vers la baie de Nootka afin de réoccuper le territoire10.
Trois navires s'y rendent, en 1790, avec à leur tête Francisco de Eliza comme commandant en chef et capitaine du Concepción, Manuel Quimper capitaine du Princesa Real (nom espagnol du navire britannique le Royal Princess, capturé par Martínez en 1789) et Salvador Fidalgo capitaine du San Carlos. La première colonie, Santa Cruz de Nuca, dans l'actuelle Colombie-Britannique, est bâtie dans la baie Nootka, ainsi que le Fort San Miguel, tenu par des soldats de la première compagnie des volontaires de Catalogne commandée par Pedro de Alberni. Une fois installé, Eliza envoie Fidalgo en exploration au nord et Quimper au sud10.
Exploration de Fidalgo en 1790
Salvador Fidalgo à bord du San Carlos explore et baptise la baie de Cordova (en) et Port Valdez dans la baie du Prince William et des actes de souveraineté sont accomplis dans les deux endroits. Fidalgo entre dans le golfe de Cook et trouve le poste russe de la compagnie Pavel Lebedev-Lastochkin à l'embouchure du fleuve Kenai. Fidalgo ne s'y arrête pas mais continue à l'ouest vers l'île Kodiak, où il relève la position du poste Shelikov14. Fidalgo se rend ensuite à la colonie russe d'Alexandrovsk (aujourd'hui English Bay ou Nanwalek), au sud-ouest de l'actuel Anchorage sur la péninsule de Kenai, où, à nouveau, il revendique la souveraineté espagnole sur ces lieux15.
Exploration de Quimper en 1790
Manuel Quimper, accompagné des officiers López de Haro et Juan Carrasco, sur le Princesa Real se rendent dans le détroit de Juan de Fuca, suivant les traces de Narváez l'année précédente. Ils remontent jusqu'à l'extrême est du détroit, découvrant les îles San Juan et nombre de détroits et bras de mer, mais n'ont pas le temps de les explorer. Des vents contraires les empêchent de ramener leur petit navire à Nootka, aussi Quimper décide-t-il de rentrer à San Blas16.
Exploration de Eliza en 1791
En 1791, Francisco de Eliza reçoit l'ordre de poursuivre l'exploration du détroit de Juan de Fuca. L'expédition est composée de deux vaisseaux. Eliza commande le San Carlos, avec Pantoja comme pilote et Narváez sur le Santa Saturnina, avec Carrasco et Verdía comme pilotes. Pendant leur voyage, le détroit de Géorgie est découvert et Narváez en explore la plus grande partie. Eliza ramène le San Carlos dans la baie de Nootka, mais le Santa Saturnina, de Carrasco, ne parvient pas à rentrer à Nootka et navigue vers Monterey et San Blas. À Monterey, Carrasco rencontre Alessandro Malaspina et lui parle de la découverte du détroit de Géorgie, ce qui va conduire au voyage de Galiano et Valdés, en 179216.
Voyage de Malaspina et Bustamante de 1789 à 1794
Article principal : Expédition Malaspina.
Le roi d'Espagne donne, à Alejandro Malaspina et José de Bustamante y Guerra, le commandement d'une expédition scientifique autour du monde, à bord de deux corvettes, le Descubierta et l’Atrevida. L'un des ordres du roi est de rechercher un possible passage du Nord-Ouest. L'expédition doit aussi chercher de l'or, des pierres précieuses et toutes colonies américaine, britanniques ou russes sur les côtes du Nord-Ouest. Arrivés en Alaska en 1791, Malaspina et Bustamante cartographient la baie du Prince William. Dans la baie de Yakutat, l'expédition entre en contact avec les Tlingits. Les scientifiques espagnols étudient la tribu, collectent des informations sur leurs mœurs, langue, économie, stratégie militaire et rites funéraires. Les artistes de l'expédition, Tomas de Suria et José Cardero, font des portraits des membres de la tribu et dessinent des scènes de la vie quotidienne17. Le glacier Malaspina qui surplombe la baie de Yakutat est ainsi baptisé, en 1874, par le scientifique américain William Healey Dall, en l'honneur d'Alessandro Malaspina18.
Voyage de Galiano et Valdés en 1792
En 1792, Dionisio Alcalá Galiano, sur le Sutil, et Cayetano Valdés y Flores, sur le Mexicana, font voile de San Blas à la baie de Nootka Sound, puis font le tour de l'île de Vancouver19,20. Un récit, du voyage de Galiano et Valdés, est ensuite publié en Espagne et il éclipse l'expédition bien plus importante de Malaspina, qui pour des raisons politiques a été emprisonné peu après son retour.
Voyage d'Eliza et Martínez y Zayas en 1793
En 1793, Francisco de Eliza et Juan Martínez y Zayas cartographient les côtes situées entre le détroit de Juan de Fuca et la baie de San Francisco et explorent l'embouchure du fleuve Columbia21.
Notes et références
↑ a, b et c Geographical Society of the Pacific 1907, p. 108, 152.
↑ a et b Rodríguez Sala 2006, p. 35
↑ (en) Derek Pethick, First Approaches to the Northwest Coast, Vancouver, J.J. Douglas, 1976 (ISBN 0-88894-056-4), p. 43
↑ (en) Freeman M. Tovell, At the Far Reaches of Empire : The Life of Juan Francisco De La Bodega Y Quadra, University of British Columbia Press, 2008 (ISBN 978-0-7748-1367-9, lire en ligne [archive]), p. 25–29
↑ (en) Derek Hayes, Historical Atlas of the Pacific Northwest : Maps of Exploration and Discovery, Sasquatch Books, 1999 (réimpr. 2002), 208 p. (ISBN 978-1570612152)
↑ (en) Wallace M. Olson, Through Spanish Eyes : Spanish Voyages to Alaska, 1774-1792, Auke Bay, Alaska, Heritage Research, 2002 (ISBN 0-9659009-1-6), « The Hezeta Expedition of 1775: Selections from the journals of: Bodega y Quadra, Mourelle », p. 46
↑ (en) Henry Wagner, The Cartography of the Northwest Coast of America to the Year 1800, Berkeley, University of California Press, 1937, 385 p.
↑ (en) Donald J. Orth, Dictionary of Alaska Place Names, Geological Survey, Professional Paper 567, Washington, United States Government Printing Office, 1967
↑ a, b et c The California State Military Museum
↑ a, b, c, d et e McDowell 1998
↑ McDowell 1998, p. 122
↑ (en) Stephen W. Haycox, Alaska: an American Colony, University of Washington Press, 2002 (ISBN 978-0-295-98249-6, lire en ligne [archive]), p. 175
↑ Billings, Joseph [archive], Dictionary of Canadian Biography Online
↑ (en) Stephen W. Haycox, Alaska : an American Colony, University of Washington Press, 2002 (ISBN 978-0-295-98249-6, lire en ligne [archive])
↑ Arsenio Rey-Tejerina, Cordova in Alaska [archive], ExploreNorth, 1990
↑ a et b Hayes, « Spanish Explorations of the West Coast »
↑ Alejandro Malaspina, The Malaspina expedition / 2. Panama to the Philippines, London, Hakluyt Society, 2003.
↑ « Malaspina, Alessandro » in Geological Survey (U.S.), Geological Survey Professional Paper, vol. 567, U.S. Government Printing Office, 1967
↑ John Kendrick Dionisio Alcalá-Galiano, Cayetano Valdés Flores Bazán y Peón, Josef Espinosa y Tello, José Cordero, The voyage of Sutil and Mexicana, 1792 : the last Spanish exploration of the northwest coast of America, Spokane, Arthur H. Clark Co., 1991.
↑ Juan de la Bodega y Cuadra, Plano del Estrecho de Juan de Fuca descuvierto el año de 1592, reconocido en 1789 por Dn. José Narbaez, en el de 90, Cp. Dn. Manuel Quimper, en 91, Q. Cp. Dn. Franco Eliza y concluido en este por el Commandante Vancouver y Dn. Dionissio Galiano ; en el qual sedenotan con el color negro los descubrimtos. hechos hasta 91, con el encarnado los Vancouver, y con el azul los de Galiano.
↑ (en) Freeman M. Tovell, At the Far Reaches of Empire : The Life of Juan Francisco De La Bodega Y Quadra, University of British Columbia Press, 2008 (ISBN 978-0-7748-1367-9, lire en ligne [archive])
Voir aussi
Bibliographie
(en) Derek Hayes, Historical atlas of Canada : Canada's history illustrated with original maps, Vancouver, Douglas & McIntyre, 2002
(en) Jim McDowell, José Narváez : The Forgotten Explorer, Spokane, Washington, The Arthur H. Clark Company, 1998 (ISBN 0-87062-265-X)
(en) Geographical Society of the Pacific, Transactions and Proceedings of the Geographical Society of the Pacific, vol. 4, San Francisco, 1907 (OCLC 15737543, lire en ligne [archive])
(es) María Luisa Rodríguez Sala, De San Blas Hasta la Alta California : Los Viajes y Diarios de Juan Joseph Pérez Hernández, Universidad Autónoma de México, 2006 (ISBN 978-970-32-3474-5, lire en ligne [archive])
Liens externes
(en) « The Spanish Navy in the Californias during the Revolutionary War Era » [archive], The California State Military Museum (consulté le 6 décembre 2009)
THÉÂTRE DE LA GARONNE, TOULOUSE
la découverte du cheval par l’Amérique: SES MODIFICATIONS ET SES MALHEURS
Les expéditions espagnoles, ou explorations espagnoles, sont un ensemble d'expéditions menées par des explorateur espagnols ou parrainées par l'Espagne (en incluant sous ce terme les différents royaumes qui ont formé la monarchie hispanique et les configurations territoriales et juridiques successives de l'État, jusqu'à l'actuel royaume d'Espagne) à des fins scientifiques (géographiques, botaniques, etc.), religieuses (prosélytisme, évangélisation, missionnaires, etc.) ou stratégiques (militaire, politique, économique, etc.).
Les expéditions les plus importantes sont celles qui ont eu lieu à l'époque des Grandes découvertes (XVe et XVIe siècles), liées à l'expansion de l'Empire espagnol. À cette époque Christophe Colomb traverse l'Atlantique et découvre l'Amérique (1492), Vasco Nunez de Balboa traverse l'isthme de Panama et découvre l'océan Pacifique (1513), Ferdinand Magellan est le premier à traverser le Pacifique et découvre Guam et les Philippines (1521). L'expédition de Magellan est achevée par Juan Sebastian Elcano, et devient le premier tour du monde de l'histoire (1519-1522).
Moyen Âge
al-Garnatí et Ibn Jubair (XIIe siècle, initiateurs du genre du rihla, récits de voyage cosmographiques).
Benjamin de Tudèle (XIIe siècle, juif).
Ruy Gonzáles de Clavijo (XIVe siècle, ambassadeur castillan à la cour de Tamerlan)
Pero Niño, (fin du XIVe siècle et première moitié du XVe siècle, navigateur castillan)
XVe siècle
Voyages de Colomb.
Voyages de Christophe Colomb (Christophe Colomb, découverte de l'Amérique)
Alonso de Ojeda
Vicente Yáñez Pinzón et Martín Alonso Pinzón
Diego de Lepe
Pedro Alonso Niño
Amerigo Vespucci
XVIe siècle
Expéditions américaines :
Conquête de l'Amérique
Colonisation espagnole des Amériques
Expédition scientifique en Nouvelle-Espagne de Francisco Hernández de Tolède (1571 et 1577)
Première circumnavigation autour du monde (expédition de Magellan-Elcano)
Expéditions dans le Pacifique et aux Philippines :
Expédition de Magellan-Elcano,
Expédition de García Jofre de Loaísa (1525-1526),
Expédition d'Álvaro de Saavedra Cerón (1527-1528),
Expédition de Grijalva dans le Pacifique équatorial (1537),
Ruy López de Villalobos (1542-1543),
Expédition de Juan Jufré et Juan Fernández en Polynésie (1576-1577 ? ou 1578 ?),
Expéditions espagnoles d'Álvaro de Mendaña aux îles Salomon,
Première expédition espagnole aux îles Salomon (1567-1569),
Seconde expédition espagnole aux îles Salomon (1595-1596),
Expédition de Miguel López de Legazpi (1564),
Tornaviaje d'Andrés de Urdaneta et Alonso de Arellano (1565).
Passage du Nord-Ouest :
Juan de Fuca explore la côte nord-américaine du Pacifique (1592) à la recherche du passage du Nord-Ouest.
XVIIe siècle
Expédition au Vanuatu et en Australie de Pedro Fernández de Quirós et Luis Váez de Torres en 1606,
Bartolomé de Fonte dit avoir navigué entre la baie d'Hudson et le Pacifique en 16401,
Pedro Ordóñez de Cevallos, jésuite en Cochinchine2,
Juan Carrasco, jésuite en Cochinchine.
XVIIIe siècle
Mission géodésique au Pérou (1734), Expédition franco-espagnole de La Condamine, Jorge Juan et Antonio de Ulloa, pour la mesure du méridien terrestre.
Dernier quart du siècle :
Pacifique Nord-Ouest (Canada et Alaska) : dix campagnes entre 1774 et 1792, dirigées par Juan José Pérez, Dionisio Alcalá Galiano, Cayetano Valdés, Juan Francisco de la Bodega.
Pacifique Sud :
Expéditions espagnoles à Tahiti et en Polynésie, de Domingo de Boenechea et José de Andía y Varela (1772-1775)
Expédition de González de Haedo à l'Île de Pâques (1770-1771)
Expéditions des limites hispano-portugaises, qui ont exploité le potentiel scientifique de la délimitation des possessions espagnoles et portugaises en Amérique du Sud, qui fut l'objet de diverses interprétations scientifiques et diplomatiques :
Jose de Iturriaga, Francisco Fernández de Bobadilla, Apolinar Díaz de la Fuente et Pehr Löfling au bassin de l'Orénoque (ce dernier avec les médecins et botanistes catalans Benito Paltor et Antonio Condal et les dessinateurs Bruno Salvador Carmona et Juan de Dios Castel).
Félix de Azara à la Colonia del Sacramento (Apuntamientos para la historia natural de los cuadrúpedos del Paraguay y río de la Plata, 1802 et Voyages dans l'Amérique méridionale, 1809).
Expédition botanique royale aux royaumes du Pérou et du Chili ou Expédition botanique à la vice-royauté du Pérou (1777-1786, d'Hipólito Ruiz et José Antonio Pavón Quinología o tratado del árbol de la quina ou cascarilla, 1792, Florae Peruvianae, et Chilensis prodomus, 1794, Disertaciones sobre la raíz de la ratánhia, de la calaguala y de la china y acerca de la yerba llamada canchalagua, 1796, Flora peruviana et chilensis, 1798-1802, Systema vegetabilium florae peruvianae et chilensis, 1798. Juan José Tafalla Navascués, [1] [archive], commissaire de cette expédition, a également fait un voyage expéditionnaire en Équateur, 1799-1808. Le matériel resta inédit et fut récupéré par un chercheur équatorien Eduardo Estrella Aguirre en 19893.
Expédition botanique royale à la Nouvelle Grenade (1782-1808, José Celestino Mutis (Instrucción relativa a las especies y virtudes de la quina, 1792, El arcano de la quina, 1828, Flora de Nueva Granada -seulement des feuilles-);
Expédition botanique royale à la Nouvelle Espagne (1787-1803, Martín Sessé et José Mariano Mociño Flora Mexicana et Plantae Novae Hispaniae -inédites-).
Expédition au Chili et au Pérou des frères Heuland (Conrado Heuland et Cristián Heuland), envoyés par José Clavijo y Fajardo, directeur du cabinet royal d'Histoire naturelle4.
Expédition à Cuba de Joaquín de Santa Cruz, comte de Mopox, et Baltasár Boldó (rapport présenté en 1802).
L'expédition d'Alejandro Malaspina (1789-1794, José Bustamante, du cartographe Felipe Bauzá, des naturalistes Tadeo Haenke, Luis Née et Antonio Pineda, des peintres José Guío, José del Pozo, Fernando Brambila, Juan Ravenet et Tomás de Suria) dont les problèmes politiques avec Godoy provoquèrent la saisie et l'oubli de leurs matériaux collectés, qui n'aboutirent à aucun résultat concret en Espagne ; triste sort qui, pour une circonstance ou une autre, fut partagé par la plupart des trouvailles de ces expéditions, ce qui dénote la faible réceptivité de la société et du système productif espagnol à l'égard des innovations et des découvertes, fait beaucoup plus décisif que la volonté mouvante des gouvernements éclairés qui les impulsaient ou l'enthousiasme des scientifiques qui les dirigeaient.
Au moins une de ces expéditions a eu un succès incontestable : l'expédition Balmis (Expédition royale philanthropique de la vaccination, 1803-1814), directeur Francisco Javier Balmis, sous-directeur José Salvany y Lleopart.
Autres, plutôt d'espionnage que scientifiques, furent les voyages africains de Domingo Badía, travesti en Alí Bey (Plan de Viaje al África, 1801, Voyages d'Ali-Bey en Afrique et en Asie pendant les années 1803-1807, 1814, version castillane de 1836).
XIXe siècle
Commission scientifique du Pacifique (Marcos Jiménez de la Espada, 1862-1865);
Expédition (essentiellement militaire) en Guinée équatoriale de Juan José Lerena y Barry (1843);
Expédition scientifique du commandant Julio Cervera, du géologue Francisco Quiroga et de l'interprète Felipe Rizzo au Sahara occidental en 18865 ;
Expédition de Francisco Noroña dans l'océan Indien et aux îles Philippines ;
Expéditions de Manuel Iradier (1868 et 1877)6 ;
Autres périples individuels ou collectifs à des fins plus ou moins scientifiques ou aventurières, comme celui de Francisco de Paula Marín —introducteur de l'ananas à Hawaï—, José María de Murga, le Moro Vizcaíno, Joaquín Gatell y Foch, Caid Ismail — Maroc et Sahara —, Víctor Abarques de Sostén — mer Rouge et Abyssinie —, Cristóbal Benítez — Tombouctou et Sénégal, 18807 — et Bonelli, Álvarez Pérez, Bens y Capaz — Río de Oro et Ifni8—.
Première moitié du XXe siècle
Explorations scientifiques en Afrique occidentale (1886-1915).
Commission permanente pour l'exploration et l'étude du Nord-Ouest de l'Afrique (1901-1915).
Voyage au golfe de Naples (1905).
Études et envois de matériels zoologiques de Guinée (1924-26).
Excursion du Sr. Lozano au Río de Oro [sic], (1933).
Projet d'expédition transafricaine (1933-1936)
Commission scientifique d'Ifni. 1834-1935 [sic, devrait être 1934-1935].
Expédition du capitán Iglesias en Amazonas (1936).
Trabajos préparatoires de l'expédition en Guinée et à Ifni (1939-1940).
Expédition aux Philippines (sans date).
Fin du XXe siècle et XXIe siècle
Absente des deux premiers appels de l'Année polaire internationale (API) (1882 et 1932) et avec une participation modeste à l'Année géophysique internationale de 1957-1958, l' Espagne a pris part pour la première fois à l'Année polaire internationale 2008 -2009, sur la base de vingt ans d'expérience des navires de recherche océanographique Las Palmas (A-52) et Hespérides (A-33) et des bases antarctiques de l'Espagne (base antarctique Juan Carlos Primero dans l'île Livingston, 1988 ; base antarctique Gabriel de Castilla, île de la Déception, 1989) et après avoir adhéré au traité sur l'Antarctique en 19829.
Voir aussi
Articles connexes
Histoire de l'Espagne
Notes et références
(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Expediciones españolas » (voir la liste des auteurs).
↑ (es) María Pilar de San Pío, Expediciones españolas del siglo XVIII: el paso del noroeste, t. 12, Editorial MAPFRE, coll. « Colección Mar y América », 1992, 314 p..
↑ (es) Luis Conde-Salazar Infiesta, Manuel Lucena Giraldo, Atlas de los exploradores españoles : Viaje y Aventura, Barcelone, GeoPlaneta, 2009, 320 p. (ISBN 9788408086833).
↑ (es) Eduardo Estrella, Iván Cruz Cevallos, Flora huayaquilensis: La Expedición Botánica de Juan Tafalla a la Real Audiencia de Quito 1799-1808, t. 2, Ediciones Abya-Yala, 1991, 103 p..
↑ Miguel Ángel Puig-Samper, op. cit. p. 42.
↑ (es) José Antonio Rodríguez Esteban, Conmemoración de la expedición científica de Cervera-Quiroga-Rizzo al Sáhara occidental en 1886, Madrid, Madrid : Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 2008 (ISBN 978-84-00-08675-6)
recension dans Boletín de Historia de la Geología de España, nº 32, novembre 2008 [archive] (Sociedad Geológica de España)
.
↑ Celle-ci et les précédentes sont listées dans : J. Luis Maldonado Polo Las expediciones científicas españolas en los siglos xix y xx en el archivo del museo nacional de ciencias naturales [archive], in Asclepio, vol. LIII, février 2001.
↑ (es) Jorge Pina, Tras los pasos de Benítez en Tombuctú, coll. « La aventura de la historia », septembre 2009, p. 82.
↑ (es) Victoriano Darias de Las Heras, « El africanismo español y la labor comunicadora del Instituto de Estudios Africanos » [archive], 2002 (consulté le 12 mai 2015).
↑ (es) « España participa por primera vez en el Año Polar Internacional », El Mundo.es - Ciencia y Ecología, 8 janvier 2007 (lire en ligne [archive]).
Au cours du XVIe siècle et au début du XVIIe, les navigateurs espagnols ont été très actifs dans l'océan Pacifique. En 1545, Íñigo Ortiz de Retes atteint la Nouvelle-Guinée et lui donne ce nom en raison de la ressemblance des indigènes avec ceux de la Guinée en Afrique. Plusieurs expéditions atteignent les îles Mariannes, les Carolines et les Palaos, qui sont rattachées à la Capitainerie générale des Philippines. En 1565 Miguel López de Legazpi fonde le premier établissement espagnol dans le Pacifique, à Cebu (Philippines) et le navigateur Andres de Urdaneta découvre le « tornaviaje », l'itinéraire de retour de l'Asie vers l'Amérique. Cet itinéraire permit d'établir une route transpacifique, connue sous le nom de Galion de Manille, qui a fonctionné pendant deux siècles et demi, de 1565 à 1815, reliant les ports d'Acapulco et de Manille.
En 1568, le navigateur, Alvaro de Mendaña, découvre les îles Tuvalu et les îles Salomon, et lors d'une deuxième expédition en 1595 il découvre les îles Marquises. En 1606, l'expédition espagnole de Quiros découvre les îles Pitcairn, les Nouvelles-Hébrides (l'actuel Vanuatu) et visite les îles Salomon. Quiros a débarqué sur l'île principale des Nouvelles-Hébrides qu'il baptise l'« Austrialie du Saint-Esprit », pensant qu'il avait atteint la Terra Australis, le continent australien.
Au cours du XVIIIe siècle, il se produit une adaptation aux idéaux de l'Illustration, qui fait que la finalité scientifique gagne en importance, sans toutefois que soient abandonnées les vues stratégiques et militaires. La plus importante expédition espagnole de l'époque fut l'expédition Malaspina qui a duré cinq ans, de 1789 à 1794. C'était un voyage d'exploration politico-scientifique qui fit le tour du monde dans le but de visiter les territoires espagnols d'Amérique et d'Asie, ainsi que de nombreux autres territoires, en recueillant des informations anthropologiques, géographiques, biologiques (flore et faune), mais également politiques. À la fin du XVIIIe siècle, sont organisées également plusieurs expéditions dans le Pacifique, dont les expéditions à Tahiti dans le Pacifique Sud et de multiples expéditions au Canada et en Alaska.
L'émancipation de la plupart des possessions américaines au début de XIXe siècle s'est traduite par une modification des objectifs des explorations, et surtout par une diminution de leur importance, juste au moment où les expéditions coloniales de l'impérialisme européen étaient dans leur phase la plus décisive (partage de l'Afrique). Dans la première moitié du XXe siècle, après la guerre hispano-américaine, eut lieu une réorientation de la politique expéditionnaire, qui s'est concentrée sur l'Afrique occidentale. Après la décolonisation du Maroc (1956), de la Guinée équatoriale (1968) et, enfin, du Sahara occidental (1975), les expéditions espagnoles sont réorientées vers la connaissance scientifique de l'Antarctique.
théâtre GARONNE DE TOULOUSE
UN GRAND DÉTAIL DE L'HISTOIRE HUMAINE ET DE SON ÉVOLUTION DE NAVIGATION...
MESDAMES ET MESSIEURS?, LES BRITANNIQUES !
La tentative de colonisation espagnole de l'Alaska commence en 1774 par le voyage de Juan José Pérez Hernández et s'achève en 1793. Les revendications espagnoles sur l'Alaska et la côte ouest de l'Amérique du Nord datent de la bulle pontificale de 1493, et du traité de Tordesillas. En 1513, cette demande est renforcée par l'explorateur espagnol Vasco Núñez de Balboa, premier Européen à apercevoir l'océan Pacifique, où il revendique toutes les terres jouxtant cet océan au nom de la couronne espagnole. L'Espagne ne commence à coloniser le territoire revendiqué, au nord de l'actuel Mexique, qu'au XVIIIe siècle, quand elle envoie ses premiers ressortissants peupler la côte nord de Las Californias (Californie).
Dès le milieu du XVIIIe siècle, la revendication espagnole commence à être remise en question par les Britanniques et les Russes pratiquant la traite des fourrures. Le roi Charles III d'Espagne et ses successeurs envoient un certain nombre d'expéditions vers le Canada d'aujourd'hui et l'Alaska entre 1774 et 1793, pour contrer la menace des colons russes et britanniques et renforcer la revendication espagnole.
Voyage de Pérez en 1774
Le premier voyage est effectué par Juan José Pérez Hernández sur la frégate Santiago (alias Nueva Galicia1,2). Bien qu'ayant l'intention d'atteindre l'Alaska, l'expédition fait demi-tour à Haida Gwaii. Pérez et son équipage de 86 hommes sont les premiers Européens à visiter le Nord-Ouest Pacifique.
Voyage de Heceta et Bodega y Quadra en 1775
Portrait de Bodega y Quadra (vers 1785), collection du Museo Naval de Madrid.
Un second voyage emmène quatre-vingt dix hommes commandés par le lieutenant Bruno de Heceta à bord du Santiago, depuis San Blas, le 16 mars 1775, avec l'ordre de faire des revendications espagnoles claires sur toute la côte nord-ouest du Pacifique. La goélette Sonora, alias Felicidad, commandée initialement par Juan Manuel de Ayala, accompagne Heceta1,2. Le Sonora, avec ses 36 pieds (11 m) de long3, et ses 16 membres d'équipage sont là pour effectuer les reconnaissances du littoral et la cartographie, et toucher terre aux endroits où le Santiago n'a pas pu approcher lors de son précédent voyage. De cette façon, l'expédition peut officiellement réaffirmer les revendications espagnoles sur les terres au nord de la Nouvelle-Espagne qu'il va visiter. Ayala reprend le commandement du « paquebote » San Carlos, alias Toysón de Oro1, qui participe aussi à l’expédition, après que son commandant, Miguel Manrique, soit tombé malade. Heceta donne à Bogeda y Quadra le commandement du Sonora. Francisco Antonio Mourelle sert de pilote à Bodega y Quadra et tous deux se lient alors d'amitié.
Les trois navires naviguent de concert jusqu'à la baie de Monterey en Haute-Californie. La mission d'Ayala est d'explorer le détroit du Golden Gate alors que Heceta et Bodega y Quadra continuent plus au nord. Ayala et l'équipage du San Carlos deviennent ainsi les premiers Européens connus à entrer dans la baie de San Francisco. Le Santiago et le Sonora font voile ensemble jusqu'à « Punta de los Martires » (aujourd'hui pointe Grenville) ainsi nommé par Heceta qui y a subi une attaque des Indiens Quinault4. Les vaisseaux se séparent dans la soirée du 29 juillet 1775. Le scorbut a tellement affaibli l'équipage du Santiago que Heceta décide de retourner à San Blas. Sur la route du sud, il découvre l'embouchure du fleuve Columbia (nommée Entrada de Hezeta sur les cartes espagnoles) entre les actuels États de l'Oregon et de Washington5. Juan Pérez, le pilote de Heceta, meurt au cours de cette partie sud du voyage.
Bodega y Quadra, sur le Sonora, remonte la côte selon les ordres reçus, pour atteindre finalement la latitude de 58° nord et l'Île Nootka, le 15 août, près de l'actuelle ville de Sitka, en Alaska. Pendant son voyage de retour vers le sud Bodega y Quadra découvre et explore une partie de la baie de Bucareli (sur la côte ouest de l'actuelle Île du Prince-de-Galles) qu'il nomme « Puerto y Entrada de Bucareli », en l'honneur d'Antonio María de Bucareli y Ursúa, alors vice-roi de Nouvelle-Espagne6.
Pendant le voyage de Bodega y Quadra de nombreux « actes de souveraineté » sont effectués, par exemple grâce à des noms de lieux comme Puerto y Entrada de Bucareli, Puerto de los Remedios ou encore Montaña de San Jacinto, rebaptisé mont Edgecumbe par l'explorateur britannique James Cook trois ans plus tard7,8.
Voyage d'Arteaga et Bodega y Quadra en 1779
Régions d'Alaska et de Colombie Britannique explorées par l'Espagne.
Un troisième voyage est lancé en 1779. Ignacio de Arteaga commande l'expédition et l'une des deux corvettes armées, le Favorita, l'autre, le Princesa est aux ordres de Bodega y Quadra. Sur le Favorita, il y a, outre l'équipage, l'officier en second Fernando Quiros y Miranda, le chirurgien Juan Garcia, le pilote Jose Camacho et le pilote en second Juan Pantoja second y Arriaga et sur le Princesa, l'officier en second Francisco Antonio Mourelle, le chirurgien Mariano Nunez Esquivel, le pilote Jose Canizares et pilote en second Juan Bautista Aguirre9. L'objectif de l'expédition est d'évaluer la pénétration russe en l'Alaska, la recherche d'un passage du Nord-Ouest et la capture de James Cook, s'ils le trouvent dans les eaux espagnoles. L'Espagne a appris vers 1778, que Cook explore la côte du nord-ouest Pacifique. En juin 1779, lors de l'expédition d'Arteaga et Bodega y Quadra, l'Espagne participe à la guerre d'indépendance des États-Unis comme alliée de la France, précipitant parallèlement une guerre anglo-espagnole, qui perdure jusqu'au Traité de Paris en 1783.
Au cours de leur voyage Arteaga et Bodega y Quadra cartographient scrupuleusement la baie de Bucareli, puis se dirigent au nord vers port Etches (en) sur l'île Hinchinbrook. Ils entrent en baie du Prince-William et atteignent la latitude de 61° nord, le point le plus septentrional des explorations espagnoles en l'Alaska. Ils explorent également le golfe de Cook et la péninsule Kenai, où une cérémonie de prise de possession est effectuée le 2 août, dans ce qui est aujourd'hui Port Chatham. À cause de l'état de santé de l'équipage d'Arteaga l'expédition retourne en Californie sans avoir trouvé les Russes, ni Cook, qui a été tué à Hawaii en février 17799.
Tout au long du voyage, l'équipage des deux navires a enduré de nombreuses épreuves, comme des pénuries alimentaires et le scorbut. Le 8 septembre, les navires se rejoignent et se dirigent vers le sud pour retourner à San Blas. Bien que les Espagnols soient discrets sur leurs explorations et leurs découvertes, le voyage de 1779 d'Arteaga et de Bodega y Quadra fait exception à la règle. La Perouse obtient une copie de leur carte, qui est publiée en 1798. Le journal de Mourelle est acheté et publié à Londres, la même année, par Daines Barrington.
Après ces trois voyages en Alaska, en cinq années, aucune autre expédition espagnole n'est lancée vers le Pacifique nord-ouest jusqu'en 1788, après le traité de Paris qui met fin à la guerre entre l'Espagne et la Grande-Bretagne. Pendant les hostilités, l'Espagne a consacré le port de San Blas au soutien de l'effort de guerre aux Philippines9.
Voyage de Martínez et Haro en 1788
Portrait d'Esteban José Martínez Fernández y Martínez de la Sierra, Armada espagnole, vers 1785.
En mars 1788, deux navires sont envoyés au nord de San Blas pour enquêter sur l'activité russe dans la région. Esteban José Martínez, sur le Princesa, est à la tête de l'expédition, accompagné par le San Carlos sous le commandement de Gonzalo López de Haro et José María Narváez comme pilote. Les navires arrivent à la baie du Prince William en mai. Après la découverte de traces de la traite des fourrures par les Russes, les navires naviguent à l'ouest. En juin Haro atteint l'île Kodiak et apprend par les indigènes qu'un poste russe se trouve à proximité10.
Le 30 juin 1788, Haro envoie Narváez à bord d'une chaloupe pour chercher le poste russe dans la baie de Three Saints. Celui-ci le découvre, devenant ainsi le premier Espagnol à prendre contact avec un important contingent de Russes en Alaska. Narváez emmène le commandant russe, Evstratii Ivanovitch Delarov (en), rencontrer Haro sur le San Carlos, puis le raccompagne au poste russe. Delarov donne à Narváez une carte russe de la côte de l'Alaska et indique les emplacements des sept postes russes, comptant près de 500 hommes. Delarov dit également à Narváez que les Russes ont l'intention d'occuper la baie de Nootka, sur la côte ouest de l'île de Vancouver11.
Après cette rencontre Haro navigue à l'est et rejoint Martínez à l'île Sitkinak. En utilisant les informations de Delarov, l'expédition part vers l'île d'Unalaska, où se trouve un important poste russe, sous le commandement de Potap Kuzmich Zaikov. Martínez arrive le 29 juillet et Haro, le 4 août. Zaikov donne à Martínez trois cartes couvrant les îles Aléoutiennes. Il confirme également que les Russes prévoient de prendre possession de la baie Nootka l'année suivante10. Zaikov explique que deux frégates russes sont déjà en route et qu'une troisième s'y trouve déjà. Il fait allusion à l'expédition de Joseph Billings, en 1789, mais en exagérant grandement sa mission12,13. Cette visite à Unalaska marque le point le plus occidental atteint par les expéditions espagnoles d'exploration en Alaska.
L'expédition espagnole quitte Unalaska, le 18 août 1788, pour le sud de la Californie et le Mexique. En raison d'un désaccord entre Martínez et Haro, les navires rompent le contact au bout de trois jours et naviguent séparément vers le sud. Martínez l'a autorisé, mais a ordonné à Haro de rejoindre Monterey. Cependant, au cours du voyage, Haro, avec le soutien de Narváez et des autres pilotes, déclare que son bateau n'est plus sous le commandement de Martínez. Ils naviguent seuls directement vers San Blas et y arrive le 22 octobre 1788. Martínez passe un mois à Monterey à attendre Haro. Il arrive à son tour à San Blas, en décembre et doit faire face à des accusations d'incompétence. Il regagne cependant rapidement les faveurs de ses supérieurs et est placé à la tête d'une nouvelle expédition destinée à occuper la baie de Nootka avant les Russes10.
Colonisation de la baie de Nootka en 1789
Saisie de l’Argonaut et arrestation de son capitaine, James Colnett (en), par Martínez le 2 juillet 1789 (début de la crise de Nootka).
Martínez et Haro reçoivent l'ordre de prendre possession de la baie de Nootka avant que les Russes ou les Britanniques ne le fassent. Pendant l'été 1789, Martínez envoie José María Narváez explorer le détroit de Juan de Fuca, sur le Santa Gertrudis la Magna (anciennement le Northwest America, un navire britannique capturé plus tôt par Martínez dans la baie de Nootka). Narváez découvre que le détroit est en fait un immense bras de mer riche de promesses pour une future exploration. La capture des navires britanniques aboutit à une crise entre Britanniques et Espagnols. Le vice-roi de Nouvelle-Espagne, Manuel Antonio Flores, ordonne à Martínez d'évacuer la Baie de Nootka à la fin de l'année 1789. Cependant, le successeur de Flores, Juan Vicente de Güemes Padilla Horcasitas y Aguayo, arrivé en octobre 1789, est bien décidé à ne pas céder aux Britanniques et ordonne une nouvelle expédition vers la baie de Nootka afin de réoccuper le territoire10.
Trois navires s'y rendent, en 1790, avec à leur tête Francisco de Eliza comme commandant en chef et capitaine du Concepción, Manuel Quimper capitaine du Princesa Real (nom espagnol du navire britannique le Royal Princess, capturé par Martínez en 1789) et Salvador Fidalgo capitaine du San Carlos. La première colonie, Santa Cruz de Nuca, dans l'actuelle Colombie-Britannique, est bâtie dans la baie Nootka, ainsi que le Fort San Miguel, tenu par des soldats de la première compagnie des volontaires de Catalogne commandée par Pedro de Alberni. Une fois installé, Eliza envoie Fidalgo en exploration au nord et Quimper au sud10.
Exploration de Fidalgo en 1790
Salvador Fidalgo à bord du San Carlos explore et baptise la baie de Cordova (en) et Port Valdez dans la baie du Prince William et des actes de souveraineté sont accomplis dans les deux endroits. Fidalgo entre dans le golfe de Cook et trouve le poste russe de la compagnie Pavel Lebedev-Lastochkin à l'embouchure du fleuve Kenai. Fidalgo ne s'y arrête pas mais continue à l'ouest vers l'île Kodiak, où il relève la position du poste Shelikov14. Fidalgo se rend ensuite à la colonie russe d'Alexandrovsk (aujourd'hui English Bay ou Nanwalek), au sud-ouest de l'actuel Anchorage sur la péninsule de Kenai, où, à nouveau, il revendique la souveraineté espagnole sur ces lieux15.
Exploration de Quimper en 1790
Manuel Quimper, accompagné des officiers López de Haro et Juan Carrasco, sur le Princesa Real se rendent dans le détroit de Juan de Fuca, suivant les traces de Narváez l'année précédente. Ils remontent jusqu'à l'extrême est du détroit, découvrant les îles San Juan et nombre de détroits et bras de mer, mais n'ont pas le temps de les explorer. Des vents contraires les empêchent de ramener leur petit navire à Nootka, aussi Quimper décide-t-il de rentrer à San Blas16.
Exploration de Eliza en 1791
En 1791, Francisco de Eliza reçoit l'ordre de poursuivre l'exploration du détroit de Juan de Fuca. L'expédition est composée de deux vaisseaux. Eliza commande le San Carlos, avec Pantoja comme pilote et Narváez sur le Santa Saturnina, avec Carrasco et Verdía comme pilotes. Pendant leur voyage, le détroit de Géorgie est découvert et Narváez en explore la plus grande partie. Eliza ramène le San Carlos dans la baie de Nootka, mais le Santa Saturnina, de Carrasco, ne parvient pas à rentrer à Nootka et navigue vers Monterey et San Blas. À Monterey, Carrasco rencontre Alessandro Malaspina et lui parle de la découverte du détroit de Géorgie, ce qui va conduire au voyage de Galiano et Valdés, en 179216.
Voyage de Malaspina et Bustamante de 1789 à 1794
Article principal : Expédition Malaspina.
Le roi d'Espagne donne, à Alejandro Malaspina et José de Bustamante y Guerra, le commandement d'une expédition scientifique autour du monde, à bord de deux corvettes, le Descubierta et l’Atrevida. L'un des ordres du roi est de rechercher un possible passage du Nord-Ouest. L'expédition doit aussi chercher de l'or, des pierres précieuses et toutes colonies américaine, britanniques ou russes sur les côtes du Nord-Ouest. Arrivés en Alaska en 1791, Malaspina et Bustamante cartographient la baie du Prince William. Dans la baie de Yakutat, l'expédition entre en contact avec les Tlingits. Les scientifiques espagnols étudient la tribu, collectent des informations sur leurs mœurs, langue, économie, stratégie militaire et rites funéraires. Les artistes de l'expédition, Tomas de Suria et José Cardero, font des portraits des membres de la tribu et dessinent des scènes de la vie quotidienne17. Le glacier Malaspina qui surplombe la baie de Yakutat est ainsi baptisé, en 1874, par le scientifique américain William Healey Dall, en l'honneur d'Alessandro Malaspina18.
Voyage de Galiano et Valdés en 1792
En 1792, Dionisio Alcalá Galiano, sur le Sutil, et Cayetano Valdés y Flores, sur le Mexicana, font voile de San Blas à la baie de Nootka Sound, puis font le tour de l'île de Vancouver19,20. Un récit, du voyage de Galiano et Valdés, est ensuite publié en Espagne et il éclipse l'expédition bien plus importante de Malaspina, qui pour des raisons politiques a été emprisonné peu après son retour.
Voyage d'Eliza et Martínez y Zayas en 1793
En 1793, Francisco de Eliza et Juan Martínez y Zayas cartographient les côtes situées entre le détroit de Juan de Fuca et la baie de San Francisco et explorent l'embouchure du fleuve Columbia21.
Notes et références
↑ a, b et c Geographical Society of the Pacific 1907, p. 108, 152.
↑ a et b Rodríguez Sala 2006, p. 35
↑ (en) Derek Pethick, First Approaches to the Northwest Coast, Vancouver, J.J. Douglas, 1976 (ISBN 0-88894-056-4), p. 43
↑ (en) Freeman M. Tovell, At the Far Reaches of Empire : The Life of Juan Francisco De La Bodega Y Quadra, University of British Columbia Press, 2008 (ISBN 978-0-7748-1367-9, lire en ligne [archive]), p. 25–29
↑ (en) Derek Hayes, Historical Atlas of the Pacific Northwest : Maps of Exploration and Discovery, Sasquatch Books, 1999 (réimpr. 2002), 208 p. (ISBN 978-1570612152)
↑ (en) Wallace M. Olson, Through Spanish Eyes : Spanish Voyages to Alaska, 1774-1792, Auke Bay, Alaska, Heritage Research, 2002 (ISBN 0-9659009-1-6), « The Hezeta Expedition of 1775: Selections from the journals of: Bodega y Quadra, Mourelle », p. 46
↑ (en) Henry Wagner, The Cartography of the Northwest Coast of America to the Year 1800, Berkeley, University of California Press, 1937, 385 p.
↑ (en) Donald J. Orth, Dictionary of Alaska Place Names, Geological Survey, Professional Paper 567, Washington, United States Government Printing Office, 1967
↑ a, b et c The California State Military Museum
↑ a, b, c, d et e McDowell 1998
↑ McDowell 1998, p. 122
↑ (en) Stephen W. Haycox, Alaska: an American Colony, University of Washington Press, 2002 (ISBN 978-0-295-98249-6, lire en ligne [archive]), p. 175
↑ Billings, Joseph [archive], Dictionary of Canadian Biography Online
↑ (en) Stephen W. Haycox, Alaska : an American Colony, University of Washington Press, 2002 (ISBN 978-0-295-98249-6, lire en ligne [archive])
↑ Arsenio Rey-Tejerina, Cordova in Alaska [archive], ExploreNorth, 1990
↑ a et b Hayes, « Spanish Explorations of the West Coast »
↑ Alejandro Malaspina, The Malaspina expedition / 2. Panama to the Philippines, London, Hakluyt Society, 2003.
↑ « Malaspina, Alessandro » in Geological Survey (U.S.), Geological Survey Professional Paper, vol. 567, U.S. Government Printing Office, 1967
↑ John Kendrick Dionisio Alcalá-Galiano, Cayetano Valdés Flores Bazán y Peón, Josef Espinosa y Tello, José Cordero, The voyage of Sutil and Mexicana, 1792 : the last Spanish exploration of the northwest coast of America, Spokane, Arthur H. Clark Co., 1991.
↑ Juan de la Bodega y Cuadra, Plano del Estrecho de Juan de Fuca descuvierto el año de 1592, reconocido en 1789 por Dn. José Narbaez, en el de 90, Cp. Dn. Manuel Quimper, en 91, Q. Cp. Dn. Franco Eliza y concluido en este por el Commandante Vancouver y Dn. Dionissio Galiano ; en el qual sedenotan con el color negro los descubrimtos. hechos hasta 91, con el encarnado los Vancouver, y con el azul los de Galiano.
↑ (en) Freeman M. Tovell, At the Far Reaches of Empire : The Life of Juan Francisco De La Bodega Y Quadra, University of British Columbia Press, 2008 (ISBN 978-0-7748-1367-9, lire en ligne [archive])
Voir aussi
Bibliographie
(en) Derek Hayes, Historical atlas of Canada : Canada's history illustrated with original maps, Vancouver, Douglas & McIntyre, 2002
(en) Jim McDowell, José Narváez : The Forgotten Explorer, Spokane, Washington, The Arthur H. Clark Company, 1998 (ISBN 0-87062-265-X)
(en) Geographical Society of the Pacific, Transactions and Proceedings of the Geographical Society of the Pacific, vol. 4, San Francisco, 1907 (OCLC 15737543, lire en ligne [archive])
(es) María Luisa Rodríguez Sala, De San Blas Hasta la Alta California : Los Viajes y Diarios de Juan Joseph Pérez Hernández, Universidad Autónoma de México, 2006 (ISBN 978-970-32-3474-5, lire en ligne [archive])
Liens externes
(en) « The Spanish Navy in the Californias during the Revolutionary War Era » [archive], The California State Military Museum (consulté le 6 décembre 2009)
THÉÂTRE DE LA GARONNE, TOULOUSE